"L'art, une connexion profonde avec le soi :

Je peins depuis quarante ans, et je continue à peindre pour longtemps. Visualiser son monde intérieur à travers la peinture est une expérience profondément enrichissante. Elle invite à une remise en question constante, à l'exploration de nos rêves et de nos craintes, et à une analyse sincère de nos relations. C'est un moment de méditation profonde, un voyage dans les dimensions les plus intimes de notre être, au-delà des limites du mental : un dialogue avec l'âme.

Chaque toile est à la fois une renaissance personnelle et la naissance d'une œuvre. Cette œuvre, fruit de mon introspection, acquiert une dimension universelle, car l'âme, dans son essence, l'est également. Mon parcours de peintre m'a permis de découvrir les multiples dimensions de l'art : cognitive, universelle, thérapeutique, et bien d'autres encore.

Aujourd'hui, l'art transcende les ateliers d'artistes pour s'inviter dans les domaines de la médecine comportementale, tels que les neurosciences. Et à juste titre ! Il permet de libérer les profondeurs du subconscient sans effort conscient. Cet aspect de la pratique artistique me passionne particulièrement. En tant qu'informaticienne, j'ai développé une pensée structurée, une quête de compréhension et d'universalisation de mes découvertes. L'art, dans sa capacité à révéler l'invisible, offre un terrain d'exploration infini pour cette quête."

 L'interactivité spontanée et générale :

Ceux qui voient mes toiles dans mon atelier ou lors d'expositions interagissent spontanément, laissant leur cœur et leur conscience libre de s'exprimer. Comme si la toile ouvrait une porte commune à tous.

Des explosions d'émotions, des larmes, des joies libérées, ou des peurs et angoisses exprimées. Des figures ou visages familiers. Le point commun est que ces expressions sont profondes et non mentales. Le partage entre générations et différentes personnes est fluide et profond, une union se crée entre les gens. Cela me confirme une fois de plus l'unicité du monde intérieur : l'âme. Des médecins et neuroscientifiques ont exprimé le terme "cognitif" pour qualifier mes toiles. Quant à moi, l'artiste, je ne suis pas la bonne personne pour me représenter, car je me découvre au fur et à mesure que je peins. Mais je vous dois mon authenticité et ma gratitude. L'art est cognitif, et ceci a déclenché l'organisation d'ateliers "self-discovery", qui ont eu un succès énorme : les participants découvrent leur don, leur désir intime, se libèrent de leurs peurs et contraintes. Fascinant.

L'interactivité messagère : 

Les œuvres vendues révèlent, dans leurs fonds vibratoires nuancés, des messages, des formes, voire des visages, personnels à l'acheteur, et que même le peintre n'avait pas perçus. Ce phénomène m'a longtemps intrigué, jusqu'à ce que je comprenne qu'un lien invisible nous relie tous, comme celui qui unit les constellations d'étoiles. Comment peut-on transmettre des messages à un autre sans les connaître soi-même ? L'art, en tant qu'expression de l'inconscient et des émotions, crée un champ 

La découverte de 'énergie quantique de l'art :

Il m'arrive souvent de peindre une émotion forte, instantanée. Comme si j'étais submergée par cette émotion, et que les mots sonnaient creux, sans passion, presque faux. Ces moments sont précieux et donnent naissance à des œuvres florales, souvent. Aquarelle ou huile, dessin ou graffiti, des fleurs qui s'élancent et qui savent dire merci mieux que quiconque, et communiquent (plus fort que les mots) l'amour ressenti jusqu'au cœur. En général, je les offre à la personne qui a provoqué ce sentiment, comme si l'œuvre valait l'amour qu'elle a donné : et elle le vaut largement.

 J'ai appris avec une grande émotion, entre feu et eau, douleur et grâce, que deux de mes œuvres ont accompagné des clients dans leur passage vers l'autre monde. Elles reposent désormais sous terre. Cela m'affecte certes, et me  end perplexe. Savoir que deux de mes œuvres sont sous terre es une drôle de sensation.

La découverte du pouvoir guérisseur de l'art : 

Je peins aussi pour prier pour quelqu'un qui m'a touchée. Mon cœur, enflammé de douleur et d'incertitude, implore le miracle, le Tout-Puissant, demande la miséricorde, la guérison, la douceur, le soulagement, et ma main caresse la toile comme si elle caressait la personne souffrante. Cet exercice convertit mon inquiétude et ma douleur en amour et en spiritualité, et les enrichit. Car toutes les forces que je demande, telles que l'apaisement et la douceur, me traversent instantanément et deviennent visibles sur la toile, ce qui les cristallise. Sans aucune exception, toutes les personnes pour qui je peins une prière, même sans leur montrer, se sentent mieux. Cela m'a démontré que l'amour sincère et divin est quantique : il atteint le destinataire au moment même où on le ressent sincèrement pour lui.

Cet exercice d'expression profonde, en mots et en couleurs, m'a transformée profondément et l'a rendu admirable pour les uns, ou illisible pour les autres. Lorsqu'on vit en connexion avec l'âme, la sagesse universelle, on ne s'intéresse plus aux futilités, au superficiel. On est en quelque sorte guidé, à l'affût de lois universelles salvatrices pour l'humain, pour ses propres lois.

C'est une immense satisfaction, ancrée dans l'humilité et la responsabilité de mon métier, de constater qu'avec mes mains connectées à mon âme, je peux caresser celle des autres. Mais je reste intriguée, stupéfaite, et j'essaie de ne plus penser, pour préserver l'innocence de l'exercice.

 Les événements clés qui m'ont inspirés :

Tout événement brusque cogne la porte de l'ignorance, pour révéler des lois universelles incontournables. et c'est pourquoi il rencontre de la résistance.  

Le covid : 

Ainsi, le COVID-19 m'a plongée dans des recherches scientifiques intenses sur l'ADN, l'ARN, l'immunité, son universalité, les modifications génétiques, les molécules de substitution, car ces données sont alignées aux données spirituelles, et donc deviennent lisibles et claires pour moi. Je me suis alors intéressée aux textes sacrés, la Bible, le Coran et d'autres livres et oracles, et j'ai découvert avec stupéfaction une fonction universelle jusque-là non découverte, qui est la clé de la transmutation : f(v) = f(i), avec v valeurs universelles et i immunité. Le livre "Nexus Values", en cours de révision, développe cette fonction et démontre cette loi universelle, non seulement dans la génétique et la biologie, mais dans tous les domaines de la vie.

Plusieurs œuvres de 2019 à 2021 présentent notre illusoire liberté, sa corruption, les conséquences. Elles ont des points communs : la solennité de l'œuvre et des cercles égocentriques, représentant aussi bien la cellule, l'ADN que la sphère, l'incite, l'union autour des valeurs, inscrite dans la croix verticale et horizontale, nous invitant à l'équilibre et à la connexion permanente à l'univers, à son âme.


La découverte de la prolifération de la corruption :

De jour en jour, la vérité et la loyauté cèdent la place aux alternatives, jusqu'au mensonge affiché et à la déloyauté assumée. Ceci a généré une série de toiles regroupées dans une collection : "L'Empreinte, la chute d'une civilisation". Cette collection a été exposée de 2009 à 2012.

La découverte de la déconnexion des valeurs :

Cette découverte m'a profondément surprise : comment peut-on être dépourvu de tendresse, d'empathie, de gratitude, d'enchantement ? Ces forces et ces valeurs sont innées, comment peut-on les désactiver ? Cette découverte est la plus transformatrice de ma vie, car elle me pousse, pour garder mon cœur innocent et plein d'amour, à comprendre l'incompréhensible, à chercher des moyens de reconnecter les gens au lieu de les juger et de les éviter, surtout lorsque ces personnes sont des parents d'enfants, car cela prolifère les maladies mentales dès le plus jeune âge. Depuis, je me consacre à des recherches puissantes et à la conception d'applications numériques visant à réactiver nos richesses intérieures et d'autres formes d'art numérique compréhensibles et accessibles à leur degré de conscience.

Un des projets phares que je désire proposer à des éditeurs de séries pour enfants : "Le Château de l'âme", un lieu à visiter et à découvrir.

La découverte de l'héritage épigénétique : 

"La découverte de l'héritage épigénétique : cette souffrance vécue enfant qui se transforme inconsciemment en une réplique sur ses propres enfants. Certes, en découvrant ceci, je ne connaissais pas le mot "épigénétique", mais c'est en me documentant sur ce phénomène inconscient et dangereux que j'ai découvert les études scientifiques et que je m'y suis intéressée. Cet héritage épigénétique, dit "karma" dans plusieurs philosophies, ne touche pas que les familles, mais aussi les nations. D'où la sonnerie d'alarme : il est essentiel de vérifier nos lois terrestres et leur alignement aux valeurs universelles, car cela se transmet d'une génération à une autre, et de pire en pire. Oui, de pire en pire, car le faux se réplique sauvagement (comme les virus ARN), alors que le vrai reste égal à lui-même. Transmettons les valeurs universelles et arrêtons d'imprégner nos enfants de nos propres lois." 

Expositions :

De 2005 à 2023, j'ai exposé régulièrement, organisant souvent moi-même des expositions et des rencontres avec le public. J'ai ainsi constitué une clientèle qui, d'une exposition à l'autre, s'est transformée en un cercle de collectionneurs.

Ces expositions étaient pour moi des moments sacrés où je découvrais mon potentiel d'artiste et où je pouvais vérifier l'impact de mes œuvres sur ceux qui les regardaient. Je n'ai pas l'esprit commercial et j'apprécie peu les galeries car, d'une part, les œuvres y sont mélangées avec d'autres, leur retirant leur aspect interrogatif et les classant esthétiquement, et d'autre part, j'aime être présent à mes expositions et accueillir tout le monde. C'est ce que je recherche : quel impact ont les œuvres sur les autres ? Car cela me fait connaître davantage le secret de mon talent, son objectif et la mission qu'il porte."

"Ces expositions ont eu lieu grâce au soutien indéfectible de Jean-Pierre Dahan, un ami et partenaire exceptionnel. Je lui rends hommage ici, et lui exprime à nouveau mon amour et ma profonde gratitude. Il m'a légué de quoi poursuivre l'œuvre qui lui tenait tant à cœur, et lui a inspiré deux livres, dont l'un fut publié un an avant sa disparition, et l'autre achevé le jour même de sa mort. Paix à son âme. Malheureusement, l'État n'a pas reconnu ce legs comme un don ou un soutien à mon travail d'artiste ; il a préféré me considérer comme sa concubine, ce que je n'étais pas, et m'a ainsi privée d'une grande partie de cet héritage. Je ne renoncerai pas, et continuerai à me battre pour ce legs, car il est essentiel à la poursuite de mon œuvre : exposer, transformer, et éclairer notre monde sur notre unicité.

Depuis 2023, je me suis retirée dans mon atelier. Je continue à peindre, bien sûr, mais j'écris aussi beaucoup. L'art est devenu mon principal moyen de guérison, car le deuil a été brutal et a bouleversé ma vie. D'artiste publique, je suis devenue une artiste recluse, cherchant cette fois-ci à comprendre la vie, la mort, les deux mondes. Trois ans sont nécessaires pour se défaire d'une vie et en reconstruire une autre. Trois ans pour éveiller en moi les forces solitaires qui me permettront de continuer mon œuvre.

Trois ans de combat entre la vie et la mort, la tristesse et la joie de vivre, trois ans pour réaliser cette grande transformation dans ma vie ont donné naissance à une trentaine d'œuvres, dont une partie est un hommage d'amour au défunt, et une autre qui témoigne de mon propre changement et état d'âme. C'est en début de cette année que j'ai décidé de rebondir seule, avec force et détermination, avec les moyens actuels, et je peins une dizaine de toiles, 'Transition', qui reflètent aussi bien ma transition que celle de notre monde."

Matériel et techniques :

Je privilégie, dans le choix de la matière, la toile en lin sur châssis en bois solide, car une toile, si elle est destinée à traverser le temps, doit être solide. Quant aux couleurs, ma marque préférée est, sans aucune nuance, Rembrandt. Les couleurs sont lumineuses et vibratoires, et la texture, ainsi que l'intensité et la densité des pigments, permettent des nuances et des jeux époustouflants."

Quant à ma technique, je peins avec les mains, car ça me relie au coeur et aux mouvements de mes sentiments et pensées.

L'œuvre : aspect et prix :

Chaque œuvre est authentifiée au dos et signée, en général à droite. Elle est préparée avec une corde pour l'accrochage, mais n'est pas encadrée, laissant ainsi le choix au client de le faire et facilitant également le transport.

Elle est photographiée et classée dans la catégorie correspondante."

Quant au prix :

J'ai une petite cote établie en 2010, que je n'ai pas révisée depuis. J'ai vendu des centaines d'œuvres, ce qui a nécessairement influencé ma cote. Pour fixer mes prix, je me réfère à trois aspects principaux :

Ainsi, mes prix démarrent à 150 € et peuvent aller jusqu'à 7 000 €. Les prix à partir de 4 000 € concernent des grandes œuvres pour lesquelles j'ai consacré plus de deux ans de travail." 

Ateliers : 

contactez-moi pour concevoir ensemble un atelier sur mesure pour votre structure. Si vous êtes particulier, bientôt je publierai une page qui leur est réservée." 

Visitez mon atelier :

Mon atelier est ouvert tous les jours. Cependant, afin de m'assurer de ma présence et de vous accueillir dans les meilleures conditions, je vous recommande de m'appeler ou de m'envoyer un message avant votre visite.

Vous pourrez ainsi découvrir mes dernières créations, échanger sur mon travail et mon inspiration, et peut-être même trouver l'œuvre qui vous touchera particulièrement.

N'hésitez pas à me contacter pour prendre rendez-vous ou pour toute information complémentaire.

À bientôt !"

 

 Critique d'art : 

par Madame Eurydice Trichon Milsani (2010)

Les champs magnétiques de Mona Roussette

 

Devant les compositions peintes de Mona Roussette on reste aussi bien ébloui qu’interloqué. Surtout quand on apprend qu’elle est une autodidacte tandis  qu’on affectionne les musées et on ne jure que par l’histoire de l’art. Car son art spontané est une expression à la fois « sauvage » et éminemment raffinée.

C’est un fait qu’aucune école n’a jamais mis à l’épreuve son talent qui coule de source, aucun enseignement n’est intervenu pour dresser un écran d’idées préconçues entre le tableau et la fureur du peintre.

Même quand on ignore l’histoire de cette artiste,  le chemin qui l’a conduite jusqu’à ses étonnants tableaux, on peut en toute innocence leur accorder son admiration et leurs attribuer le titre de petits chefs d’œuvres.

Quand on sait qu’il s’agit d’une artiste sans formation préalable et qui œuvre grâce à un instinct artistique inné sans références et héritages possibles, l’admiration qu’elle suscite est suivie d’un sentiment d’immense étonnement. Car il s’agit d’œuvres accomplies qui peuvent trouver tout à fait leur place dans la création moderne et qu’on peut aisément comparer- à leur avantage- à d’autres œuvres de la modernité classique.

 Il s’agit en majorité de toiles de formats plutôt moyens – des tout petits jusqu’ à un mètre soixante -, c’est-à-dire de formats « raisonnables » qui n’imposent pas une arrogance dominatrice : leurs dimensions peuvent tout à fait convenir à notre environnement. Ils sont par conséquent des tableaux  qu’on a envie d’avoir chez soi aussi bien pour leur harmonie de couleurs toniques que pour leurs formes et leur compositions suggestives et bien équilibrées. Leur aspect chatoyant doté d’une vibration jouissive est d’un pouvoir décoratif extraordinaire.

Car Mona Roussette, tout autodidacte qu’elle soit, est habitée par un héritage identitaire qui ne manque pas de se manifester dans toutes les métamorphoses de sa peinture. On ne peut pas regarder ses tableaux sans penser que l’artiste appartient à  la civilisation arabe réputée comme aniconique : Peu importe si elle s’est mise à peindre avec un certain retard et dans un univers occidental. Les lignes rythmées des arabesques et du moucharabieh  ont constitué son univers naturel dès l’enfance. Une fois mise à l’œuvre, l’artiste a conquis très vite et de manière frappante ce que Matisse appelait « le décoratif », ce que lui-même a découvert lors de son voyage au Maroc et qui a imprimé toutes son œuvre. Il s’agit, selon lui, d’une expression « qui ne réside pas dans la passion qui éclate sur un visage mais qui est dans toute la disposition du tableau et de la composition : l’art d’arranger de manière décorative les divers éléments dont le peintre dispose pour exprimer ses sentiments ».

Il s’agit donc de l’ art du motif, l’art des formes abstraites bien ordonnées, l’art de  la jubilation colorée d’un monde affranchi de la figure humaine que l’anthropomorphisme occidental nous a imposé. Mona Roussette l’a adopté  et avec le temps l’a possédé de manière admirable.

Quand elle se met à peindre un  bouquet de fleurs, ce n’est pas pour décrire la beauté indépassable de la nature. S’il lui arrive d’observer ses merveilles, la complexité des feuilles, l’élégance des tiges, les pétales veloutées, la flore dans toute sa splendeur,  c’est plutôt pour se plonger dans le grand dictionnaire des formes et des rapports colorés qu’offre le monde naturel. Son instinct la conduit sûrement vers une organisation très personnelle de tous ces éléments. Ses fleurs deviennent des constellations de signes, des motifs éclatent et se multiplient pour le plaisir du regard,  l’euphorie et la tranquillité de l’âme.

Par ailleurs, ces fleurs-signes sont traitées avec la même désinvolture spontanée qu’on rencontre dans ses abstractions pures. La joie des complémentaires domine dans ses compositions : les taches rouges chantent sur des champs bleutés, les violets sur le jaune : tout est fait pour stimuler la vue, pour réveiller les mécanismes du plaisir.

En regardant ces tableaux, on se demande qui a appris si bien à Mona la puissance des contrastes simultanés, les savants amalgames des textures, les mixtures précieuses dont les effets nous appellent de loin impérieusement. Elle nous a avoué qu’elle n’a pas eu de maître ni pour peindre ni pour les autres arts qu’elle exerce avec une  facilité qui nous rend perplexe.

Pour notre bonheur, elle a choisi comme moyen d’expression prédominante la peinture. C’est un tempérament exubérant aussi bien que sincère qui se jette dans son art avec un enthousiasme déchaîné. Traduire les sentiments en matières colorées lui provoque une sorte d’ivresse qui met en branle son  toucher. Car Mona peint avec ses doigts.

Peintre directement avec ses mains est une manière aussi ancienne que le monde. Pourtant Mona Roussette n’empreinte pas la pulsion sauvage de l’acte primitif. Sa démarche reste savante et délicate. A cette approche tactile il ne faut  pas non plus voir quelque chose qu’on peut apparenter à « l’art gestuelle ». Il ne s’agit pas de coups de pinceau ou d’autre chose, violents et désordonnés : ce sont des caresses qu’elle prodigue à ses tableaux. Jouer avec la matière colorée, la ramasser, l’amalgamer, lui donner une consistance lise et brillante, la diriger aux quatre coins de la toile, redistribuant ses richesses jusqu’à ce que le tout prenne une forme satisfaisante correspondant à une sorte de narration imaginative  c’est un acte qui rappelle ce qu’on fait avec un instrument de musique ultra sensible. Les vibrations obtenues par le maniement de la couleur aboutissent à une harmonie tout à fait comparable à celle des phrases musicales.

Mona Roussette  n’est point systématique. Sa fantaisie intarissable la  conduit toujours dans de nouveaux domaines. Ses fleurs tantôt pulpeuses tantôt en semis sont organisées de mille façons mettant en valeur un chromatisme recherché. Mais la pratique « fleurie » peut aussi, par un simple glissement d’humeur, se  convertir en composition totalement abstraite. Ainsi  le tableau constellé de taches est remplacé par des motifs spiralés sur des aplats travaillés en filigranes, ou bien sur une nappe unie d’entrelacs dessinés avec l’envers du pinceau créent le meilleur effet. Ailleurs, des « vides » couverts de matières  lisses et claires  semblent atteindre des profondeurs brouillées. Enfin, dans un autre genre de toiles, les fonds s’étalent en vastes étendues vibratoires où la pate colorée fondue forme des horizons luminescents rappelant les coucher de soleil de Turneur.

Il y a aussi une autre catégorie de toiles plus structurées où le travail des pinceaux qui suit celui de la main reprend le dessus. Dans ce cas, les contours des formes se précisent, introduisant  plus de nervosité et de narration.

Une série monochrome traitée en camaïeux nous entraine dans une spatialité bleutée où des formes nagent comme dans certains tableaux de Kupka.

Le grand atout de cette peinture est la qualité de sa pâte colorée. Tantôt travaillée en épaisseur tantôt en transparence – les doigts habiles et chaleureux de l’artiste savent en tirer un maximum splendeur- , elle accroche la lumière et fait chanter les tons les plus sourds.

Depuis dix ans de travail, Mona Roussette a atteint une grande maitrise. Ses tableaux sont les produits du double traitement qu’elle leur prodigue : l’action de la caresse, instinctive, expressionniste et celle du pinceau qui la ramène à l’ordre, à l’histoire de la peinture, au rationnel dont elle se méfie mais qu’elle sait aussi mener à bien.

Elle déclare pourtant qu’elle préfère utiliser ses doigts. Ceci ne suppose pas seulement une action directe sur son matériaux, il met en évidence un contact corporel, une transmission magnétique qui transforme l’espace peint grâce à sa décharge intense. La sensation inscrite sur le tableau rayonne et séduit le regard, trouble les sens du spectateur. C’est là où l’œuvre de Mona Roussette prend tout sa puissance. Par l’intermédiaire de ses tableaux, l’artiste réussit à transmettre une sorte d’apaisement, un amour quasi thérapeutique. C’est un don qui,  j’ose dire, va au-delà de la peinture.

Eurydice Trichon-Milsani